Le vieux port, Camoin


<

fig. 5 : Portrait de Marquet, 1904, Musée Fabre, Montpellier ©RMN

>
Naples, Camoin


<

fig. 6 : Le Vieux-Port de Marseille, 1904, coll. part.

>
Naples, Camoin


<

fig. 7 : Le port de port de Cassis aux deux tartanes, 1905, collection Thyssen Bornemisza, Madrid

>
Naples, Camoin


<

fig. 8 : La Femme à la voilette, 1905, coll. part. ©Jacqueline Hyde

>
Naples, Camoin


<

fig. 9 : La Saltimbanque au repos, 1905 ©Musée d'Art Moderne / Roger-Viollet

>
Naples, Camoin


<

fig. 10 : Le Pont Royal à Paris, 1905, coll. part.

>
Naples, Camoin


<

fig. 11 : Emilie Charmy à son chevalet, v.1910, coll. part.

>
VIE ET ŒUVRE

LA PÉRIODE FAUVE

Rentré de sa période militaire en septembre 1903, Camoin s’installe à Paris. Il emménage dans un atelier place Dauphine (fig. 3). Dès cette époque, il expose au Salon des Indépendants, ainsi qu’au Salon d’Automne et commence à être remarqué par la critique. Il se joint au groupe d’artistes alors réunis autour de Matisse : Manguin, Marquet et Jean Puy (fig. 4 & 5). Ils exposent ensemble, notamment dans la petite galerie de Berthe Weill, rue Victor Massé, à Paris.

Camoin et sa mère

fig. 3 : Camoin et sa mère, atelier Place Dauphine,
v. 1904, Archives Camoin

Camoin et Marquet

fig. 4 : Camoin et Marquet dans l’atelier du
Quai Saint-Michel, 1914 ? Archives Camoin

Portrait de Marquet, Camoin

fig. 5 : Portrait d'Albert Marquet, 1904
Musée Fabre, Montpellier ©RMN

Quand il n’est pas dans la capitale, Camoin sillonne son midi natal, voyage en Italie (en 1904, il se rend à Rome, Naples et Capri). Ses paysages se caractérisent alors par une touche plus enlevée, plus large et expressive qu'auparavant.
En 1905, Camoin participe avec Matisse, Manguin, Marquet, Derain et Vlaminck à la salle VII du Salon d’Automne de 1905 qui lance le fauvisme, auquel il sera dorénavant rattaché. Contrairement aux impressionnistes, Camoin ne s’intéresse pas à l’effet atmosphérique ou aux raffinements de la perception rétinienne mais plutôt à l’agencement des formes et des plans dans l’espace perspectif, mettant en application la leçon de Cézanne qui lui conseille de « faire du Poussin sur nature » (fig. 6).

Le vieux port, Camoin

fig. 6 : Le Vieux-Port de Marseille,
1904, coll. part.

Le port de Cassis, Camoin

fig. 7 : Le port de Cassis aux deux tartanes,
1905, collection Thyssen Bornemisza, Madrid

Femme à la voilette, Camoin

fig. 8 : La Femme à la voilette,
1905, coll. part. ©Jacqueline Hyde

Ses paysages méditerranéens (fig. 7) où il vient de passer la saison d’été avec Manguin et Marquet, dégagent une luminosité alors propre au groupe des Fauves.
Toutefois Camoin ne met jamais en péril la cohésion de l’image peinte et ne transpose que rarement ses couleurs, contrairement à Matisse ou Derain au même moment.
C’est dans ses figures qu’il est le plus proche de l’esthétique fauve (fig. 8), notamment dans l’évocation parfois provocante du monde des marges (fig. 9).


La Saltimbanque au repos, Camoin

fig. 9 : La Saltimbanque au repos,
1905 © Musée d'Art Moderne / Roger-Viollet

Le Pont Royal, Camoin

fig. 10 : Le Pont Royal à Paris,
1905, coll. part.

Les ateliers parisiens se succèdent : en janvier 1907, il est au 28 bd de Clichy, au 6, rue Mansart en octobre 1907, puis au 12 rue Cortot en 1908, et au 46 rue Lepic en 1910.
En 1908, Camoin a sa première exposition particulière, à la galerie du jeune marchand d’origine allemande, Daniel Henri Kahnweiler. C’est à ce moment-là qu’il entre en contrat avec le marchand allemand de Francfort, Ludwig Schames. Ses peintures circulent dans les expositions d’avant-garde européennes, au Salon de la Toison d’or à Moscou, à la Société Mànes à Prague, au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles, au Sonderbund de Düsseldorf ou encore à la célèbre Armory Show à New York en 1913. En 1912, il signe un contrat avec la Galerie Eugène Druet.

Charmy à son chevalet, 1910, Camoin

fig. 11: Emilie Charmy à son chevalet,
v.1910, coll. part.

À partir de 1908, Camoin réintroduit le noir dans sa palette. Moins attentive aux détails et à la structure, l’écriture colorée accorde une importance croissante à la gestualité de la touche. Certaines vues de Paris, de Montmartre notamment, où Camoin s’est installé, portent ce même timbre mélancolique que celles contemporaines de Marquet dont il est resté très proche, comme de Matisse d’ailleurs (fig. 10).

De cette période date sa liaison avec la femme peintre Emilie Charmy (fig. 11) avec laquelle il séjourne en Corse. Camoin demeure alors fidèle à la veine coloriste inaugurée par le fauvisme et reste réfractaire au cubisme.


Tanger, Camoin

fig. 12 : Carte postale de Tanger, Matisse à Camoin,
21-10-1912, Archives Camoin

Camoin rejoint Matisse à Tanger où il passe la saison de l’hiver 1912-1913 (fig. 12).
À son retour de Tanger, Camoin détruit une grande partie des toiles se trouvant dans son atelier. Il les coupe en plusieurs morceaux avant de les jeter dans sa poubelle, sur le trottoir de la rue Lepic. Les débris sont heureusement sauvés, rassemblés et proposés au Marché aux Puces où ils sont rachetés par le Père Soulier, célèbre marchand de la rue des Martyrs, qui les rassemble. Il semble que l’histoire fit rapidement le tour de Paris puisqu’elle est relatée dans la presse, notamment par Apollinaire qui estime ces peintures "parmi les plus intéressantes de ce peintre" (Paris-Journal, 25 juillet 1914). Une fois restaurées plus ou moins habilement, certaines d’entre elles sont acquises dès cette époque par des collectionneurs avertis, notamment des critiques d’art comme André Warnod, Félix Fénéon, Francis Carco ou Gustave Coquiot. Le Moulin rouge aux fiacres, aujourd’hui au Musée de Menton, en est un exemple. La toile fut léguée au Musée mais auparavant, elle fut signée par l’artiste qui en reconnaissait ainsi la paternité, même après l’avoir détruite des années auparavant.

> précédent : les débuts
> suivant : la guerre et l'après-guerre